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ciation d’idées, il souleva la main gauche pour regarder son intaille. Je lui dis :

— Tu as remplacé par cette merveilleuse bacchanale tes armoiries, le petit arbre ?

— Ah ! oui, le hêtre, le fau de Du Fau. Mon arrière-grand-père était, en Poitou, sous Louis XVI, ce qu’on appelait un homme noble, c’est-à-dire notable roturier. Il devint par la suite membre du club révolutionnaire de Poitiers et acquéreur de biens nationaux, ce qui m’assure aujourd’hui l’amitié des princes et le rang d’aristocrate dans notre société d’israélites et d’américains. Pourquoi ai-je abandonné le fau de Du Fau ? Pourquoi ? Il valait presque le chêne de Duchesne de la Sicotière. Et je l’ai échangé contre la bacchanale, le laurier stérile et le cippe emblématique.

Au moment où il prononçait ces paroles avec une emphase railleuse, nous atteignîmes l’hôtel de son ami Gaulot, mais Du Fau ne s’arrêta pas devant les deux mar-