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dans la glace. Je me suis retournée, croyant qu’il était derrière moi. Mais ne voyant personne, j’ai compris et je suis tombée. »

« Cependant je recherchais si sa chute n’avait pas produit quelque lésion et je n’en trouvais aucune. Buquet lui faisait avaler de l’eau de mélisse avec du sucre. « Voyons, ma chérie, lui disait-il, remets-toi ? Qui diable as-tu vu ? et qu’est-ce que tu dis ? » Elle pâlit de nouveau. « Oh ! je l’ai vu, lui, Marcel. — Elle a vu Géraud ! c’est particulier ! s’écria Buquet. — Oui, je l’ai vu, reprit-elle gravement, il m’a regardée, sans rien dire ; comme cela. » Et elle faisait un visage hagard. Buquet m’interrogea de l’œil. « Ne vous inquiétez pas, lui répondis-je ; ces troubles ne sont pas graves ; peut-être viennent-ils d’une affection de l’estomac. C’est ce que nous étudierons à loisir. Pour le moment, il n’y a pas à s’en occuper. J’ai connu à la Charité un sujet gastralgique qui voyait des chats sous tous les meubles. »