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cabinet de travail le dos de monsieur Malorey et ses longs cheveux blancs répandus sur le collet de sa redingote. Il ne bougeait pas, sa main seule faisait de petits mouvements sur une feuille de papier. Il n’y avait à cela rien d’extraordinaire. Il écrivait. Mais ce qui me parut plus étrange…

— Eh bien, sont-ils assez longs ?

— Il s’en faut de quatre doigts, ma bonne Zoé.

— Comment, de quatre doigts ? Fais-moi voir, Lucien.

— Regarde… Ce qui me parut plus étrange, ce fut de voir la cravate de monsieur Malorey posée sur la barre d’appui de la fenêtre. Le doyen, vaincu du soleil, avait dégagé son cou de la pièce de soie noire qui en faisait trois fois le tour. Et la longue cravate pendait d’un côté et de l’autre de la fenêtre ouverte. Je fus saisi d’une envie irrésistible de la prendre. Je me glissai doucement contre le mur de la maison, j’allongeai le doigt