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voyait encore des vieillards qui portaient des cravates semblables.

— C’est possible, dit M. Bergeret. Mais il est certain que monsieur Malorey n’en porta jamais d’autres.

— Tu veux parler, Lucien, du doyen de la Faculté des lettres à Saint-Omer… Il y a trente ans qu’il est mort, et même davantage.

— Il avait plus de soixante ans, Zoé, quand j’en avais moins de douze. Et je commis alors sur sa cravate un attentat d’une audace inouïe.

— Je crois, dit Zoé, me rappeler cette espièglerie qui n’avait guère de sel.

— Non, Zoé, non, tu ne te rappelles pas mon attentat. Si tu en avais gardé le souvenir, tu en parlerais autrement. Tu sais que monsieur Malorey avait un grand respect de sa personne, et qu’il gardait en toute circonstance beaucoup de dignité. Tu sais qu’il observait exactement toutes les bienséances.