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II

Or, à six mois de là, Læta Acilia, couchée sur un lit de pourpre dans la cour de sa maison, murmurait une chanson qui n’avait point de sens et que sa mère chantait autrefois. L’eau de la vasque d’où s’élevaient de jeunes tritons de marbre chantait gaiement, et l’air tiède agitait avec douceur les feuilles bruissantes du vieux platane. Lasse, alanguie, heureuse, lourde comme l’abeille au sortir du verger, la jeune femme, croisant les bras sur sa taille arrondie, ayant cessé son chant, promena ses regards tout autour d’elle et soupira de joie et d’orgueil. À ses pieds, ses esclaves noires, jaunes ou blanches s’empressaient à