la raison et il n’en fut pas beaucoup effrayé, parce qu’il était certain que le roi Loc, s’il devenait fou, ne manquerait pas de faire un fou gracieux, spirituel, aimable et bienveillant. La folie des Nains est douce comme leur raison et pleine d’une fantaisie délicieuse. Mais le roi Loc n’était pas fou ; du moins il ne l’était pas plus que ne le sont d’ordinaire les amoureux.
— Je veux parler de Georges de Blanchelande, dit-il au vieillard, qui avait oublié ce jeune homme aussi parfaitement que possible.
Alors le savant Nur disposa dans un ordre exact, mais si compliqué qu’il avait l’apparence du désordre, des lentilles et des miroirs, et fit voir dans une glace au roi Loc la propre figure de Georges de Blanchelande, tel qu’il était quand les Ondines le ravirent. Par un bon choix et une habile direction des appareils, le Nain montra à l’amoureux roi les images de toute l’aventure du fils de cette comtesse qu’une rose blanche avertit de sa fin. Et voici, exprimé par des paroles, ce que les deux petits hommes virent dans la réalité des formes et des couleurs :
Quand Georges fut emporté dans les bras glacés des filles du lac, il sentit l’eau lui presser