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que cet œuf était d’une couleur extraordinaire et magnifique. Il ne ressemblait en rien à ces œufs de Pâques qui, trempés dans du jus de betterave, y prennent cette teinte vineuse qu’admirent les marmots arrêtés devant l’étalage des fruitiers. Il était teint d’une pourpre royale. Je ne pus m’empêcher d’en faire la remarque avec l’indiscrétion de mon âge.

Monsieur Le Mansel père y répondit par une sorte de cocorico qui trahissait son admiration.

— Mon jeune monsieur, ajouta-t-il, cet œuf n’est point teint, comme vous semblez le croire. Il a été pondu tel que vous le voyez par une poule ceylandaise de mon poulailler. C’est un œuf phénoménal.

— Il ne faut point oublier de dire, mon ami, ajouta madame Le Mansel d’une voix dolente, que cet œuf fut pondu le jour même de la naissance de notre Alexandre.

— C’est positif, reprit monsieur Le Mansel.

Cependant la vieille grand’mère me regardait avec des yeux moqueurs et, pinçant ses lèvres molles, me faisait signe de n’en rien croire.

— Hum ! fit-elle tout bas, les poules couvent quelquefois ce qu’elles n’ont point pondu, et si