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la misère et la fainéantise aux plus tristes aventures, ne savaient même pas à qui attribuer leurs grossesses de hasard. En 1706, on baptise à Saint-Julien de Quimper, la bâtarde d’une « Moresque » vagabonde et d’un père inconnu. La même année se présente « sous le porche de Saint-Corentin, une fille appelée Catherine Bizien, de Quergloff, trève de Cléden-Poher, portant un enfant non baptisé duquel elle se dit mère, et dit que le dit enfant lui avait été fait dans un grand chemin par un homme qu’elle ne connaissait. »

Vers la fin du xviie siècle, les recteurs ou vicaires qui tiennent les cahiers d’état civil cessent peu à peu d’enregistrer les dires des mères relativement à la paternité de leurs enfants. On conçoit qu’une très grande confiance ait eu en ces matières épineuses de graves inconvénients. Elle risquait d’authentifier des mensonges, ou de diffamer de hauts personnages. En 1689, le marquis de Cheffontaines ne dut pas être enchanté d’apprendre que Marie Ollivier lui attribuait sa fille, née à Saint-Ronan de Quimper. Il y eut certainement des abus, et c’est pour y mettre fin que la mention : « père inconnu » prévalut jusqu’à s’imposer et s’employer régulièrement, ou peu s’en faut, pendant le xviiie siècle. Nous y perdons sans doute quelques piquantes révélations, mais peut-être la paix des familles, en fin de compte, y gagna-t-elle.