Page:Amplecas - L'oeuvre libertine des poètes du 19e siècle - 1910.djvu/34

Cette page n’a pas encore été corrigée

Bien qu’il fût vert, alerte et non perclus
Et la baisât avec une grande âme,
Prit un amant ; pour rien, pour le plaisir
D’avoir parfois deux pines à saisir.
Tout allait bien. La dame était baisée
Autant et plus, et ne souhaitait rien.
Mais s’il est vrai que très souvent le bien
Vient en dormant, la vérole peut naître
Lorsque l’on fout, et la chose arriva.
Le mal, d’abord dissimulé, couva.
Puis mit le nez, un jour, à la fenêtre.
Sanglots et pleurs ! « Que dira mon époux ?
Je suis perdue. ciel ! je suis perdue !
Je n’ai plus qu’à mourir !
— Consolez-vous,
Dit un ami, du calme... L’étendue
De votre mal n’est pas si grande. Allez
Passer deux jours au plus à la campagne.
Ne craignez rien, et que la paix regagne
La place ancienne en vos esprits troublés.»
En soupirant, et sans trop bien comprendre,
A son époux la dame au cul gâté
Vint déclarer qu’elle désirait prendre
L’air pur des champs égayés par l’été.
Le bon docteur y consentit sans peine.

Quand il fut seul, son ami vint le voir :

« Te voilà veuf pendant une semaine.
Lui dit-il ; viens, nous dînerons ce soir
En devisant des heures envolées.
De ce beau temps où nous étions garçons,
Où nous laissions mille folles chansons
Jaillir sans fin de nos lèvres brûlées