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Qui sut prendre sur vous ce détestable empire,
Vous perdrez le salut aussi bien que l’honneur,
Vous allez avilir vous et votre famille.
Quittant les bras de Dieu pour ceux de Lucifer,
Dans l’autre monde, hélas ! vous irez en enfer.
Et dans ce monde-ci vous serez toujours fille.
— Moi, qui moi ! rester fille, ô ciel ! que dites-vous ?
Mon père, en vérité, je suis bien loin de l’être.
— C’est plus grave cent fois, dit le moine en courroux.
Si vous avez trahi votre époux, votre maître.
Manquant à vos serments, à l’Église, à nos lois.
Pensez-vous que ce Dieu qui parle par ma voix
Ne puisse vous punir comme il vous a fait naître ?
Des maux les plus affreux vos jours sont menacés,
Votre mari jaloux, vos enfants délaissés...
— Mon mari ! quelle erreur ! Mais, mon révérend père,
Je n’ai point de mari. — Bon, sur ce pied, ma chère.
Le cas est plus léger et le crime moins grand.
Epousez cet amant dont vous fîtes l’épreuve
Et que votre péché devienne un sacrement.
Qui peut vous arrêter ? vous êtes libre et veuve.
— Veuve, hélas ! mon Dieu non. — Mais qui diable êtes- vous ?
N’étant fille, ni veuve, et n’ayant point d’époux ?
Parlez... — Je suis, mon père, un pauvre gentilhomme
Qui naquit à Paris et qui revient de Rome.

Attribué au Comte L.-Ph. de SḖGUR.


LA FEMME D’ORDRE

      Auprès de la coquette Lise,
Un soir Damis et Mondor soupiraient ;