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Tarquin n’avait que des fils ou des petits-fils en bas âge. La race d’Ancus, et avec elle les prétentions sabines, n’étaient pas éteintes.

Pour empêcher qu’elles ne l’emportassent après lui, Tarquin put s’accoutumer à voir dans le vaillant Mastarna un successeur qui affermirait à Rome le pouvoir de sa nation et qui était devenu de sa famille. Tanaquil, cette femme énergique qui avait encouragé son ambition et prédit sa grandeur, put adopter cette pensée dans l’intérêt même de ses enfants, menacés si la réaction Sabine triomphait ; elle put désirer pour eux l’appui d’un gendre qu’appelaient à régner sa bravoure et sa popularité.

Les choses en étaient là quand Tarquin fut inopinément frappé dans sa maison sur la Velia. Aussitôt Tanaquil fait fermer les portes, feint un espoir qu’elle n’a pas de sauver le roi, appelle Servius auprès de son époux moribond, l’exhorte à le venger et à la défendre, lui rappelle le prodige de la flamme qui a entouré sa tête. Sans doute elle invoqua Vesta, déesse du feu, dont le temple était tout proche et qu’elle pouvait voir par sa fenêtre ; car, si la tradition est exacte, nous savons que les fenêtres de sa maison donnaient sur la rue Neuve[1], qui passait devant le temple de Vesta ; et ce fut par une de ces fenêtres qu’elle adressa la parole

  1. Tite Live (I, 41) dit que Tanaquil parla au peuple par les fenêtres qui étaient tournées vers la voie Neuve, détail qu’il n’a pu emprunter qu’à la tradition.