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connaissent Cælius, ou mieux Cæles Vibenna, et le changement de nom du mont Cælius, appelé avant lui mont des Chênes, est encore là pour conserver sa mémoire[1].

L’existence de Cæles Vibenna n’est donc pas douteuse[2], et entraîne celle de Mastarna[3].

  1. Niebuhr, qui avait d’abord admis que Servius Tullius était Mastarna, n’a que très-tard abandonné cette opinion. M. Mommsen (Röm. Gesch., I, p. 114-15) veut bien que Mastarna soit venu à Rome, mais nie qu’il y ait régné, sans donner ses raisons, ce qui arrive parfois à ce savant et brillant historien. M. Schwegler (R. Gesch., I, p. 720) reconnait que les annales étrusques, plus anciennes que les annales romaines, ont plus de droit à notre confiance. Il hésite, puis rejette l’identité de Servius Tullius et de Mastarna d’après sa conviction individuelle. On voit qu’en présence des incertitudes de Niebuhr et d’opinions imposantes, mais non suffisamment motivées, il est permis d’en avoir une différente ; seulement j’ai tâché de motiver la mienne. Ott. Müller, dont le nom ne fait pas moins autorité que ceux qui précèdent, déclare positivement (Etr., I, p. 121) que Mastarna a conquis avec les restes de l’armée de Vibenna la Rome des Tarquins. C’est aller plus loin que l’assertion de Claude, et, selon moi, tomber dans l’invraisemblance. La Rome des Tarquins était trop forte pour être ainsi conquise par les restes des bandes d’un condottieri. La vraisemblance est bien plutôt qu’un chef étrusque s’établit sur le Cælius, et, après la mort du premier Tarquin, lui succéda.
  2. On a trouvé près de Pérouse des tombes portant le nom de Fipin, forme étrusque de Vibennus, nom d’une famille de Volsinii à laquelle Ott. Müller (Etr., I, p. 424) n’hésite pas à rapporter Cæles Vibenna ; et à Chiusi, Vipona. (Den., Etr., II, 373.) Vibenna et Mastarna ont une terminaison évidemment étrusque.
  3. Les trois premiers des auteurs que j’ai cités plus haut s’accordent à placer l’arrivée de Cæles Vibenna sous Romulus. Tacite seul, probablement d’après Claude, la transporte au règne du premier Tarquin. Je crois que c’est par suite d’une confusion entre le Lucumon auxiliaire de