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il avait deviné l’art augural pour retrouver ses pourceaux égarés ; le saluant avec douceur, il lui dit :


« Il faut nous faire voir, ô Nævius ! ton habileté dans l’art de deviner. Voulant accomplir une grande chose, je désirerais savoir si elle est possible. Va donc consulter les oiseaux et reviens promptement, tandis que moi, assis en ce lieu, je t’attendrai. »


Le devin obéit, il revint bientôt après avoir consulté les auspices, et déclara que l’action projetée par le roi était possible. Alors le roi, riant de ce discours, lui dit :

« À cette heure, ô Nævius, il est clair que tu es un imposteur, et que tu nous trompes manifestement, puisque tu as osé affirmer qu’une chose impossible peut être faite. »

Et, tirant de son sein un rasoir et, une pierre à repasser, il ajouta :

« Je m’étais demandé si, en frappant cette pierre avec ce rasoir, je pourrais la trancher par le milieu. »

Alors tous ceux qui étaient présents s’étant mis à rire, l’augure, sans se déconcerter, répondit :

« Frappe avec confiance[1] cette pierre, et elle sera tranchée par le milieu. »

Le roi frappa la pierre avec le rasoir, et le rasoir, fendant la pierre, alla couper un morceau de la main

  1. La légende, tout en restant romaine, pourrait être moderne. Le prêtre dirait « Frappe avec foi… »