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leur suprématie sur le Palatin. Ce fut aussi dans le Comitium que Nævius opéra un autre miracle[1].

Cet Attus Nævius, disciple des Étrusques et le plus célèbre augure de son temps, avait commencé, comme le pape Sixte-Quint, par garder des pourceaux. Il paraît que son âme n’était pas moins bien trempée que celle du porcher de Montalte ; car il osa se faire l’intrépide interprète de la résistance de sa nation, et, comme plus d’un pape aussi énergique que lui, opposa victorieusement l’autorité religieuse au pouvoir royal.

Le roi, irrité, mande Nævius devant lui ; il était assis sur son tribunal, au sommet des degrés par où l’on montait à la curie[2].

Le lieu de la scène est donc parfaitement déterminé par la tradition, et nous pouvons assister au drame qui se joue dans le Comitium, où sont les patriciens sabins, et en présence de la foule latine qui remplit le marché.

« Je vais vous montrer, dit le roi, que l’art de cet homme est menteur. »

Nævius s’était approché et se tenait au bas des des degrés. Le roi n’osait laisser paraître sa colère contre le saint personnage, dont la légende racontait qu’enfant

  1. Den. d’Hal., III, 71; Cic., De Div., 17.
  2. C’est ce qui résulte des paroles de Tite Live (I, 36), qui désigne avec une grande exactitude le lieu où la chose avait eu lieu, et où était de son temps la statue de Nævius « Quo in loco res acta est, in Comitio, in gradibus ipsis ad lævam curiæ. »