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Élever un temple à Jupiter, c’était flatter les Latins, c’était consoler les déshérités d’Albe, qui habitaient le Cælius, de n’être plus en possession du temple de Jupiter latin sur la montagne Albaine. Élever un temple à Jupiter, à Minerve et à Junon, c’était, en honorant trois grandes divinités de l’Étrurie, en faisant acte de dévotion étrusque, rendre hommage à trois divinités également sabines, et, en leur consacrant un temple nouveau, refaire étrusque le Capitole, qui l’avait été autrefois, tout en y supprimant le plus possible les cultes sabins, sauf, quand la résistance était trop forte, à transiger avec eux, comme on fit pour le dieu Terme, la Jeunesse ; enfin c’était opposer au Quirinal, demeuré sabin, et enlever pour ainsi dire aux Sabins le culte exclusif de l’antique triade que l’Étrurie, comme la Sabine, avaient reçue des Pélasges[1].

Ainsi ce temple devait être commun à tous, réunir dans son sein le Jupiter latin, la Minerve étrusque, la

    plus, le clou que l’on plantait dans le mur de la Cella dédiée à Minerve dans le temple du Capitole, était un emprunt au culte étrusque. Chaque année, on fichait un clou dans le temple de la déesse Nortia, à Volsinii. (Tit. Liv., VII, 3.) Junon, en Étrurie, s’appelait Cupra, nom également d’origine ombrienne ; car il est sabellique et de même racine que le mot sabin Cyprius, bon.

  1. L’association de ces trois divinités était très-antique ; on la retrouve en Grèce. (Paus., X, 5, 2.) Les Sabins devaient le culte de cette triade à leurs rapports avec les Pélasges ; les Pélasges tyrrhéniens l’avaient porté en Étrurie.