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La haine des patriciens poursuivit Manlius après sa mort sur le théâtre même de sa gloire ; on rasa sa maison, et il fut interdit dès lors à tout patricien d’habiter sur le Capitole ; personne dans la gens Manlia ne porta plus le prénom de celui qui l’avait illustrée.

Le vieux Camille, qu’on trouve avec regret à la tête du parti qui fit mourir Manlius, allait reparaitre encore une fois sur la scène. Le sénat fut le chercher pour opposer sa dictature, comme un dernier secours, au triomphe qui semblait assuré des lois Liciniennes. Ces lois, proposées par les tribuns Licinius, Stolo et L. Sestius, étaient le plus grand effort démocratique tenté jusqu’à ce jour. La première avait pour but d’alléger les dettes des plébéiens ; la seconde, de limiter la quantité de terres publiques dont il serait permis à un citoyen de conserver la possession ; la troisième, de faire admettre les plébéiens aux honneurs consulaires. Les patriciens, attaqués dans leur avarice et leur orgueil, résistaient opiniâtrement près d’être vaincus, ils appelèrent Camille.

Il avait près de quatre-vingts ans quand il vint livrer à la démocratie un dernier combat : ce combat fut terrible. Camille voulut interrompre violemment les comices par tribus[1] ; il ordonna aux plébéiens de quitter le Forum et de se rendre sous les armes au champ de Mars. Les plébéiens refusèrent, et Camille abdiqua la dictature. Bientôt après elle lui fut rendue ;

  1. Tit. Liv., VI, 38.