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lius n’ayant plus pour le protéger le glorieux témoin qu’il avait invoqué, une sentence de mort fut portée contre lui.

Il y avait encore une autre raison pour qu’il en fût ainsi. Au jugement des comices par centuries qui représentaient l’universalité des citoyens, et particulièrement depuis la réforme démocratique de ces comices, la partie plébéienne de la cité, on substitua le jugement des Curies patriciennes[1] ; c’était livrer Manlius à ses ennemis.

La nature de ce jugement par curies fait craindre que le récit d’après lequel Manlius aurait péri sous

    bons manuscrits et à l’usage constant de tenir les assemblées dans la région du champ de Mars ou du Forum. D’ailleurs, il n’y a eu de porte Nomentane que dans l’enceinte d’Aurélien. Ce qui pourrait faire croire que Tite Live aurait appelé porte Nomentane la porte Colline, parce qu’elle conduisait à Nomentum, expression du reste tout à fait insolite, c’est qu’il y avait près du Cispius un lucus Pætelinus (Varr.,· De L. lat., V, 50), mais ce nom a pu être donné à deux bois sacrés. Ce qui se conçoit facilement si ce nom remontait aux Pélasges, petalon voulant dire feuille en grec. Pætelinus aurait été le nom d’un bois touffu, circonstance favorable au dessein des patriciens en s’y rassemblant pour juger Manlius. Les noms de Pétélie ou Pétilie, ville du Brutium dont on attribuait la fondation à Diomède, ce qui semble indiquer une provenance pélasgique, et de Petalia, en Grèce, peuvent avoir la même origine.

  1. Cette remarque de Schwegler (III, p. 296) s’appuie sur une phrase de Tite Live (V, 20), qui oppose le concilium populi aux assemblées des centuries. Je la crois fondée, mais ce n’était pas une raison pour nier la belle tradition que l’histoire consacre.