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réglementer, et chaque citoyen put bâtir où il lui plaisait ; de là résulta un pêle-mêle d’édifices incohérents[1]. Ces rues tracées à la hâte furent étroites, tortueuses et irréguliéres[2], de grands espaces demeurèrent vides[3], comme on le voit partout où les villes ont été bâties précipitamment, dans l’ancien et dans le nouveau monde, à Athènes et à Washington.

Les temples et les monuments publics étaient restés debout[4]. Les Gaulois, ces premiers barbares, ne détruisirent pas plus les édifices de Rome que ne le firent, comme nous le verrons, les autres barbares, et par la même raison. Détruire un édifice leur eût donné beaucoup de peine et ne leur eût servi à rien. À Rome on n’a guère détruit que pour bâtir.

Outre les anciens temples qui subsistèrent, on en

    dans un an, de prendre la pierre et le bois où il voudrait, et fournit les tuiles (Tit. Liv., V, 55). Probablement on emprunta beaucoup de matériaux de construction à Véies, presque déserte encore au temps de Properce.

  1. Promiscue urbs ædificari cæpta (Tit. Liv., V, 55.)
  2. Festinatio curam exemit vicos dirigendi (ib.), ὁδοὺς στενὰς γενέσθαι καὶ καμπὰς ἐχούσας (Diod. Sic., XIV, 116), arctis itineribus hucque et illuc flexis, atque enormibus vicis. (Tac., Ann., XV, 38.)
  3. (Urbs) passim erecta. (Tac., Ann., XV, 43).
  4. Stantibus templis deorum, disait Camille (Tit. Liv., V, 53). La preuve qu’il disait vrai, c’est qu’un assez grand nombre de temples et d’édifices publics, la Curia Hostilia par exemple, construits antérieurement à l’incendie des Gaulois, existaient encore après cet incendie. Pour la même raison, on ne peut admettre que les Gaulois, dans leur court séjour, aient détruit les murs, quoi qu’en dise Plutarque. (Cam., 52.)