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était sanctifié par le culte, que les sacrifices se faisaient dans des lieux aussi bien qu’à des jours déterminés[1] ; on sent à chaque mot du discours que Tite Live lui fait prononcer combien Rome était pour les Romains une ville sacrée, et cela donne un grand intérêt aux monuments et à la détermination de la place qu’ils occupaient, car cette place ne pouvait être changée sans sacrilége, et la connaître c’est connaître, pour ainsi dire, un des articles de foi de la religion romaine.

Camille, d’après Tite Live[2] eut un mouvement sublime quand il s’écria, faisant allusion à son exil : « Absent, chaque fois que le souvenir de la patrie me revenait, je voyais toutes ces choses que vous voyez, ces collines, les plaines et le Tibre, cette région à laquelle mes yeux sont accoutumés, où je suis né et où j’ai été élevé. Ah ! que ces objets vous touchent de leur amour et vous retiennent dans votre patrie, plutôt qu’ils ne vous consument de regrets quand vous les aurez quittés.» Cette noble allusion à l’exil, cette pathétique évocation de la patrie, de ses montagnes, de ses champs, de son ciel, émut les cœurs, et Rome resta à Rome.

Camille ne l’eût pas emporté peut être si la multitude n’eût cru voir dans une rencontre fortuite la manifestation certaine de la volonté des dieux. Quelques

  1. Tit. Liv., V, 52.
  2. Tit. Liv., V, 54.