Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/558

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

combat. Ils obéissent, laissent Camille disposer son armée comme il l’entend sur le sol inégal de Rome, embarrassé de décombres ; ils l’avaient bien laissé arriver dans la citadelle, et le Brenn n’avait pas répondu à ses arguments constitutionnels en le faisant jeter au bas de la roche Tarpéienne.

Avant la sagacité de Beaufort, le bon sens de l’antiquité avait protesté contre une invention, il faut le dire, si absurde. Polybe, qui, en sa qualité de Grec[1], n’était pas intéressé à soutenir les mensonges de la vanité romaine, dit positivement, que les Gaulois remportèrent dans leur pays, sans être inquiétés, la rançon des Romains, Suétone[2], plus curieux des faits que passionné pour la gloire de la république, parle de l’or donné aux Gaulois lors du siége du Capitole, et qui, ajoute-il, ne leur fut point arraché par Camille. Le savant Pline[3], Justin, Diodore de Sicile et Tacite, affirment nettement que les Romains achetèrent la paix des Gaulois. Oui, le fait est incontestable. Cette paix fut achetée et payée argent comptant [4].

Le Capitole, qui a vu tant de gloire, a vu cette honte des Romains. Si la pensée en venait au triomphateur tandis qu’il gravissait l’orgueilleuse colline un jour

  1. Polybe, II, 22.
  2. Suet., Tib., 3.
  3. Pl., Hist. nat., XXXIII, 5, 1.
  4. Just., XXVIII, 4. Nec bello hostem sed pretio remotum (Tac., Hist., III, 72 ; Diod. Sic., XIV, 116.