Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/551

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur respect pour la religion[1]. Il y a encore à cela une explication topographique ; à cette époque, le Quirinal tenait au Capitole par une langue de terre qui subsista jusqu’à Trajan. Il fut plus facile à Fabius d’aller de plain-pied de l’un à l’autre sommet qu’il ne l’eût été de descendre et de remonter du Capitole au Quirinal et du Quirinal au Capitole.

Pendant ce temps les réfugiés de Véies devenaient de jour en jour plus redoutables aux Gaulois. Ils voulaient mettre Camille à leur tête ; mais le respect des lois était alors si grand, qu’ils ne crurent pouvoir le faire sans y être autorisés par le sénat assiégé. Ce que Fabius Dorso avait osé pour la religion, un jeune homme nommé Pontius Cominius[2] l’osa pour la légalité, cette autre religion du peuple romain. S’embarquant sur l’écorce d’un chêne-liège[3], arbre qui n’est pas rare dans la campagne romaine, il descendit le Tibre depuis l’extrémité de la vallée qui, s’ouvrant en face de Fidène, conduit à Véies, jusqu’au point le plus proche du mont Capitolin, aux environs de la porte Carmentale, le gravit par son côté le plus escarpé, celui qui regardait le fleuve, tellement escarpé alors, qu’on ne l’avait

  1. Tit. Liv., V, 46.
  2. Encore un nom sabin, car il est sabellique. Pontius Herennius et Pontius Telesinus sont des Samnites célèbres. Il y a un Pontius Pelignus et un Pontius Sabinus. Un Pontilius figure parmi les chefs des confédérés dans la guerre sociale. Enfin on trouve aussi un Cominius Auruncus
  3. Plut., Fort. Rom., 12.