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resta de cet avertissement prophétique un autel[1] et un sanctuaire[2].

On éleva au dieu inconnu qu’on appela Ajus Locutius, celui qui avait parlé[3], un autel entouré d’une enceinte sacrée ; Cicéron et Tite Live le virent encore.

La voix était sortie, disait-on, du bois sacré de Vesta, lequel descendait le long de la pente inférieure du Palatin, Virgile semble faire allusion à cette voix,

  1. Cet autel était sur le côté de la rue Neuve opposé au Palatin. La voix fut entendue sortant du bois de Vesta, qui dominait la rue Neuve. Un autel fut construit à Ajus parlant (Ajo loquenti) en face de ce lieu (Cic., de Div., I, 45). au-dessous du point où la rue Neuve, après s’être séparée de la voie Sacrée, commençait à descendre, infima nova via (Varr. ap. Gell., Noct. att., XVI, 17), par opposition à summa, mais non dans la partie inférieure de cette rue, vers le Vélabre ; car l’autel et le sanctuaire d’Ajus Locutius étaient au-dessus du temple de Vesta. (Tit. Liv., V, 32.)
  2. Ubi nunc sacellum est. (Tit. Liv., ib.)
  3. Au temps de Cicéron, c’est ainsi qu’on entendait ces deux mots car il met loquens au lieu de locutius ; mais, dans l’origine, il s’agissait peut-être de deux divinités dont les noms étaient synonymes (Ajo et Loquor), ce que Plutarque (Camill., 30 ; de Fort. Rom., 5) a rendu deux fois par φήμη καί κληδών ; Niebuhr a montré que et se supprimait volontiers dans les anciennes formules latines (patres conscripti, pour patres et conscripti). Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une divinité ou de deux divinités bien romaines. Ajus Locutius passait pour présider aux premières paroles de l’enfant. Or ces dieux sans nombre, qui avaient sous leur empire chaque détail et chaque moment de notre vie, depuis la naissance et avant la naissance, ces dieux sont pour moi les dieux vraiment indigènes de Rome, ceux qui appartiennent réellement au peuple romain.