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déclarèrent qu’il avait raison et que la dîme devait être prélevée sur le territoire de Véies, bien qu’appartenant à cette heure aux Romains. Les scrupules de Camille commencèrent à ébranler sa popularité ; pour la consolider, il fit contre les Falisques une campagne heureuse, dans laquelle on place l’aventure du maître d’école, mais malgré ce nouveau succès, il ne put ramener à lui la faveur des plébéiens.

Ils s’en prirent à tout à son triomphe : qu’ils disaient sacrilège, au vœu qui privait l’armée d’une partie de son butin. On lui reprocha d’avoir mis des portes de bronze à sa maison[1], enfin on accusa de vol cet homme si timoré. On prétendit qu’il s’était approprié une part des richesses trouvées à Véies. Tous les genres de malheur fondaient sur sa tête : un de ses deux fils tomba malade et mourut. Le grand Camille, et ce trait le fait aimer, négligea l’accusation qui lui était intentée et s’enferma dans l’appartement des femmes pour pleurer son fils.

Les plébéiens aigris contre lui se préparaient à le condamner. Camille rassembla ses amis, ses compagnons de guerre et leur demanda leur appui. Il le lui refusèrent, offrant seulement de payer l’amende qui lui serait imposée. Il n’accepta pas, et, après avoir embrassé sa femme et le fils qui lui restait, indigné, il résolut de sortir de Rome pour aller se réfugier à Ardée.

  1. Pl.,Camill., 12.