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vers le point le plus élevé de la colline, le Capitole de l’Aventin.

On peut supposer que les belles colonnes de la basilique de Sainte-Sabine proviennent du temple qu’elle a remplacé, bien que Tite Live crût la demeure de Junon établie en ce lieu pour jamais[1]. Le nom même de la sainte à qui cette basilique fut dédiée au cinquième siècle de notre ère est peut-être un souvenir de Junon déesse sabine[2].

Camille fut reçu à Rome avec enthousiasme, la ville entière vint au-devant de lui ; il monta au Capitole sur un char attelé de quatre chevaux blancs. On jugea que ce triomphe était trop superbe, qu’un char ainsi attelé ressemblait trop à celui de Jupiter qui couronnait le temple. Némésis avait une statue sur le Capitoles[3]. La déesse, bravée presque dans son sanctuaire par trop de gloire et d’orgueil, punit l’orgueil et la gloire.

Cette autre Némésis qui régnait au Forum et qui elle aussi n’aimait pas ce qui s’élevait trop, la plèbe

  1. …In Aventinum, æternam sedem suam.
                  (Tit. Liv., V, XXII.)

  2. Falère, cette constante alliée de Véies dont la population, n’étant pas purement étrusque, devait être en partie sabine, avait un temple célèbre de Junon. Ovide (Fast., VI, 49) appelle les Falisques adorateurs de Junon, et la colonie qu’y établirent les triumvirs s’appela colonia Junonia Faliscorum. (Nihby, Dint., II, p. 22-3.)
  3. Pl., Hist. nat., XXVIII, 5, 1. Le culte de Némésis au Capitole étant lié, à ce qu’il paraît, avec la superstition très-antique du Fascinum, il est possible que ce culte remontât, comme cette superstition elle même, jusqu’au temps des Pélasges