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déesse pélasge dont le culte s’était conservé dans tout ce pays, lui demande de suivre bientôt les vainqueurs dans une ville qui sera la sienne ; puis, faisant, avec l’armée nombreuse dont il dispose, attaquer Véies de tous les côtés à la fois, pour mieux cacher son artifice, il lance ses meilleurs soldats dans le conduit souterrain. Ici se place une légende que Tite Live lui-même reconnaît pour telle[1].

Le roi de Véies offrait un sacrifice dans le temple de Junon. Les Romains, du souterrain où ils étaient encore cachés et d’où ils allaient sortir, entendirent l’Aruspice dire au roi : Ceux qui enlèveront les entrailles de la victime auront la victoire. Aussitôt ils s’élancèrent du souterrain, enlevèrent les entrailles de la victime et les portèrent au dictateur.

La ville fut livrée au pillage. On dit qu’à l’aspect des misères qu’il ordonnait Camille versa des pleurs. On disait aussi qu’élevant les mains vers le ciel il fit cette prière « Si ma fortune et celle du peuple romain semblent trop grandes, qu’il nous soit donné de

  1. Tit. Liv., V, 21. Inseritur huic loco fabula. Tite Live ajoute « Dans des événements si anciens, il me suffit que les faits soient vraisemblables, et qu’on puisse les accepter pour vrais… De telles choses sont plus faites pour être représentées sur la scène, amie du merveilleux, que pour être crues. Mais je ne trouve pas qu’il vaille la peine de les affirmer ou de les rejeter. » Tite Live fait connaître ici le procédé qu’il a suivi dans le récit des événements accompagnés de quelques circonstances merveilleuses. Il est trop sage pour affirmer, trop bon Romain pour nier, il raconte.