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ville de Véies que lorsqu’ils auront fait écouler dans la plaine l’eau du lac d’Albe. » La ressemblance de cette prédiction bizarre avec celle que les envoyés du sénat rapportèrent de Delphes peu de temps après, rend bien vraisemblable que le sénat ne fut étranger ni à l’une ni à l’autre.

Le soldat, frappé d’une si singulière exclamation, et donnant un exemple de cette crédulité aux promesses d’un sorcier qui n’exclut pas des violences contre sa personne, dont on trouverait des exemples chez tous les peuples superstitieux et particulièrement chez le peuple romain, lequel maltraite les madones quand elles n’exaucent pas ses vœux ; le soldat, s’étant approché du vieux devin sous prétexte de le consulter sur quelque prodige, le saisit tout à coup dans ses bras, l’emporta en dépit d’une résistance, je crois, simulée, et alla le déposer dans la curie, en plein sénat.

L’Étrusque parut regretter ce qu’il avait dit ; mais, le mal étant fait, déclara persister dans sa prophétie, et en même temps il indiqua les moyens d’opérer une dérivation des eaux du lac.

Bientôt les envoyés revinrent de Delphes et rapportèrent la réponse de l’oracle, qui coïncidait merveilleusement avec la prédiction de l’Étrusque ; il n’y avait plus de place pour l’incertitude.

L’Aruspice devint un grand personnage ; il fut chargé de procurer le prodige, c’est-à-dire de détourner les con-