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que les Sabins, à une nation avec laquelle ils avaient été fréquemment déjà en contact, n’eut pas trop de peine à écarter deux enfants du trône et à se faire élire. Selon Tite Live[1], pour éviter leur concurrence, il les avait envoyés à la chasse, sans doute dans la grande forêt, dont Rome était encore environnée. Ce trait naÏf a bien l’air d’appartenir à la tradition primitive.

Le rôle de Tarquin était, en s’appuyant sur les Latins, qui l’avaient vu avec plaisir remplacer un roi sabin, de ménager les chefs sabins qui pouvaient se repentir d’avoir laissé la royauté sortir de leur nation.

Presque tout ce qu’on rapporte de lui s’explique par cette double nécessité de la situation de Tarquin.

Tarquin est un Étrusque qui, sans cesser complètement de l’être, se fait Sabin et Latin le plus possible.

À son prénom étrusque, Lucius[2], qu’il garda, il joignit celui de Tarquinius, dont il fit un nom de gens à la manière sabine ; Priscus, son surnom[3], ne

  1. Tit. Liv., I, 35.
  2. Valère Maxime (De Præn.) a rapproché avec raison Lucius de Lucumo, titre que portaient les chefs étrusques. Lucerus était le nom de celui qui, disait-on, était venu d’Ardée au secours de Romulus(P. Diac., p. 119), et que Properce appelle Lucomedius. On a trouvé Leukmai, nom propre, dans une tombe étrusque.
  3. Tous les hommes du Palatin n’ont qu’un nom, Romulus, Remus, Faustulus ; tous les Sabins en ont deux, Titus Tatius, Mettus Curtius, Numa Pompilius, Tullus Hostilius. Ce second nom en ilius ou ius est