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que Mælius avait su amasser. C’était faire de la popularité à bon marché[1]. Une statue lui fut élevée par souscription près de la porte Trigemina, dans le quartier des greniers publics, et on lui fit hommage d’un bœuf aux cornes dorées. Une médaille de la famille Minucia représente Pallas, déesse de la sagesse, dont il avait manqué, et Jupiter dans un chariot le foudre en main, avec ce mot Roma, allusion un peu ambitieuse à Mælius foudroyé, tandis qu’il n’avait été qu’assassiné, et à Rome délivrée d’un péril qu’elle n’avait pas couru[2].

La vie de Cincinnatus offre deux exemples mémorables de la puissance dictatoriale exerçant ses deux fonctions principales, appelé tour à tour contre l’ennemi et contre les plébéiens, qui pour les patriciens étaient aussi l’ennemi. La dictature c’était le pouvoir absolu des rois[3], reparaissant dans les grands périls véritables ou imaginaires pour sauver la république ; c’était dans toute sa force cet imperium qui faisait partie du droit politique des Romains, que les rois avaient possédé, dont les consuls étaient investis hors de la ville, qui, tant que Rome fut libre, ne fut ja-

  1. Tit. Liv., IV, 16.
  2. Minucius fut même pris pour un personnage divin ou confondu avec lui. (Pl., Hist., nat., XVIII, 4 ; XXIV, II ; P. Diac., p. 122. 47.)
  3. Il était absolu en principe, comme l’a établi Rubino ; en fait, il était tempéré par l’aristocratie dont cet auteur, d’une sagacité remarquable, mais trop systématique, n’a pas assez compris l’importance. (Rub., Unters., p. 107-143.)