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alors quatre-vingts ans. Les sénateurs se tinrent tout le jour enfermés dans la curie et n’en sortirent pas avant le soir, pour que le secret de leurs délibérations ne put être divulgué. Pendant la nuit on plaça une forte garnison au Capitole et le sénat s’y assembla de bonne heure le lendemain, comme s’il avait besoin de cette protection pour sa défense ; le Forum se remplit de curieux qui se demandaient pourquoi tous ces préparatifs. Mælius y vint comme les autres. Le maître de cavalerie que s’était choisi Cincinnatus était un jeune patricien nommé Servilius Ahala. À la tête d’une troupe de cavaliers il fond sur Mælius et le somme de comparaître devant le dictateur. Malgré la loi qui défendait sous peine de mort d’investir un magistrat d’un pouvoir sans appel, loi qui semble avoir eu pour but d’abolir la dictature, on venait de la rétablir. Paraître devant Cincinnatus armé du droit de vie et de mort sur tous les citoyens parut dangereux à Mælius. Comme je l’ai remarqué, Cincinnatus, que dans les commencements de sa carrière on citait pour sa modération, s’était beaucoup aigri depuis le procès fait à son fils par les tribuns, procès qui avait été sa propre ruine. Les vingt années que le fier patricien venait de passer à labourer son petit champ n’avaient pas dû adoucir son humeur. Cependant si, comme je n’en doute pas, Mælius était innocent, il aurait dû paraître devant le dictateur et se justifier ; Cincinnatus était dur, mais honnête. Au milieu des troubles antérieurs, il s’était