Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/493

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas l’accusation que les patriciens portèrent contre Mælius, disant qu’il voulait se faire roi. Cette accusation qu’ont répétée tous les historiens anciens, et Cicéron lui-même, complaisants, comme ils le furent presque toujours au parti aristocratique, cette accusation, il faut le dire franchement, était ridicule. Mælius, pas plus qu’avant lui Spurius Cassius et après lui Tiberius Gracchus, ne songeait à être roi. S’il y avait une ambition impossible à Rome, c’était celle-là. Le nom de roi y était l’objet d’une horreur fanatique qui coûta la vie à César, soupçonné seulement de prétendre à la royauté. Quand on voulait la tyrannie on s’y prenait autrement ; comme Appius on s’appelait décemvir, comme Sylla ou César lui-même, dictateur ; comme Octave, imperator. Mais les patriciens poursuivaient un grand but ils voulaient, malgré la loi Horatia-Valeria, qui avait proscrit tout pouvoir sans appel, ressaisir la dictature et prendre acte de son rétablissement pour montrer que cette disposition de la loi Horatia-Valeria, véritable charte des plébéiens, ne s’appliquait pas à cette magistrature extraordinaire. Le sénat feignit une grande peur pour l’inspirer : exagérer un danger public fut toujours un très-bon moyen de se débarrasser de ses ennemis en les faisant craindre. Comme lorsque les Æques avait enveloppé l’armée d’un consul, on alla encore cette fois chercher Cincinnatus dans son champ pour l’opposer à cette formidable conspiration dont rien jusqu’ici n’a jamais prouvé l’existence. Cincinnatus avait