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ques emprunts partiels au droit grec. Il n’en était pas moins national dans son fond et dans son ensemble. Mais tout ne pouvait être faux dans la croyance si généralement établie de son origine hellénique.

Il était d’ailleurs resté dans le Forum un monument de ce rapport de Rome avec la Grèce, la statue d’Hermodore[1] qui avait interprété aux envoyés romains les lois qu’ils allaient chercher.

Je pense que les envoyés n’allèrent pas jusqu’à Athènes et se contentèrent de visiter les cités grecques de l’Italie méridionale, d’où était venue déjà une constitution, celle de Servius. Ce qui m’a conduit à cette opinion mise en avant par d’autres historiens, c’est qu’Hermodore obligé de fuir son pays, s’était, dit Pline, réfugié en Italie[2].

La loi promulguée par les décemvirs était une loi civile et une loi politique : comme loi civile elle fut un progrès ; comme loi politique, elle contenait des garanties essentielles, le droit de provocation au peuple,

  1. Pl., Hist. nat., XXXIV, II,2.
  2. Denys d’Halicarnasse (X, 54) dit que les lois rapportées par les decemvirs venaient d’Athènes et des villes grecques d’Italie. On a signalé des coïncidences remarquables entre certaines dispositions de la loi des Douze Tables et ce qu’on sait des lois données à la ville de Locres par Zaleucus. (Polyb., XII, 16.) Quant à celles qui se retrouvent dans la législation de Solon, on peut en rendre compte sans faire visiter Athènes par les envoyés romains. Cette législation, connue dans l’Italie grecque des le temps de Servius Tullius, devait, a plus forte raison, y être connue au temps des décemvirs.