Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/461

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

agraire de Sp. Cassius. Les consuls résolurent d’empêcher par la force que cette loi fût votée[1]. Par leur ordre, les jeunes patriciens se ruèrent sur les plébéiens au moment où ils allaient entrer dans les Septa, les empêchèrent d’y pénétrer, saisirent les urnes, maltraitèrent les officiers publics qui présidaient au suffrage[2] et le rendirent impossible.

Personne ne voulait plus de cet état de choses où la violence était l’arme des deux partis. On était fatigué de ces luttes sans cesse renaissantes entre deux pouvoirs qui s’entravaient et se paralysaient l’un l’autre. De plus, la famine et des maladies contagieuses étaient venues fondre sur la ville. Ce n’était que funérailles et deuil dans toutes les maisons. L’aspect de Rome était lugubre. Ce fut alors qu’on créa les décemvirs. Ce nom rappelle surtout les violences qui amenèrent leur chute, le crime d’Appius et la mort de Virginie ; mais le décemvirat fut d’abord Institué dans une pensée de conciliation et d’équité. Une guerre implacable, mettait sans cesse aux prises les tribuns et les consuls. On prit le parti de supprimer consuls et tribuns, et de remplacer l’autorité des uns et des autres par celle de dix citoyens chargés à la fois de gouverner la république et de lui donner une législation écrite qui lui manquait.

  1. Den. d’Hal., X, 40.
  2. C’est Denys d’Halicarnasse qui nous l’apprend, et il n’est pas suspect de partialité contre les patriciens.