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mité de cette plaine s’ouvrent deux gorges par où l’on croit voir déboucher les Æques et les Volsques, et qui sont comme deux portes toujours ouvertes a leur invasion. Ce lieu mémorable, arène disposée pour les combats[1], en a vu beaucoup durant les premiers siècles de la république.

Quand on visite cette plaine, on se croit transporté dans un pâturage élevé de la Suisse. Rien n’est plus tranquille que ce lieu témoin de tant de batailles, dont le nom rappelle, par un piquant contraste de souvenirs, les frais et noirs ombrages célébrés par Horace, et dont les eaux limpides amenées sous terre à Frascati y vont former la cascade de la belle et gracieuse villa Aldobrandini.

Les Æques avaient ravagé les environs de Labicum (monte Compatri) dans le territoire Tusculan ; puis, chargés de butin, ils s’étaient réfugiés sur l’Algide. Alors il se passa sur ce mont mémorable une scène qui peint la fierté du peuple æque. Des envoyés romains étaient venus se plaindre de ce que les Æques avaient rompu un traité. Le chef de la nation était assis près d’un grand chêne. « Parlez à ce chêne, leur dit-il, je suis occupé. » Alors les envoyés se tournèrent vers le chêne, le prirent à témoin du droit violé et se retirèrent en appelant sur les parjures la vengeance des dieux[2].

  1. Planitiem non parvis modo expeditionibus, sed vel ad explicandas, utrinque acies satis patentem. (Tit Liv., IV, 27.)
  2. Tit. Liv., III, 25.