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son peuple, espérant s’appuyer sur les grandes familles sabines de l’aristocratie, d’une part, de l’autre sur les plébéiens mécontents, et se servir des deux partis, en les trompant l’un et l’autre à la fois. Aux patriciens il aurait fait dire : Je suis un des vôtres, je suis un Sabin comme vous ; je veux mettre sous vos pieds ces plébéiens, descendants méprisés des Latins, que trois de nos rois ont gouvernés. Aux plébéiens, aux prolétaires, aux esclaves, il aurait crié, comme le dit Tite Live, du haut du Capitole : J’ai embrassé la cause de tous les malheureux ; je veux briser le joug de toutes les servitudes. Si les plébéiens ne répondirent point à l’appel d’Herdonius, si un consul du nom sabin de Valérius l’assiégea avec vigueur jusque dans le temple de Jupiter, c’est vraisemblablement que son double jeu fut découvert et que les deux factions qu’il avait feint de favoriser l’abandonnèrent également. Les tribuns ne voyant là qu’un expédient des patriciens, et dans la troupe d’Herdonius que leurs clients et leurs hôtes, qui, si la loi Térentilla passait, ne tarderaient pas à se retirer, défendirent qu’on prît les armes ; ils furent d’abord obéis.

Le sénat s’était rassemblé ; le consul Valerius sort de la curie, s’élance dans Forum. Eh quoi ! s’écrie-t-il en montrant le Capitole, quand l’ennemi est sur votre tête, vous déposez les armes et vous songez à voter des lois ? Puis il demande qu’on délivre la colline sacrée et les dieux eux-mêmes assiégés dans leur temple. Il