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forcé à se retirer devant l’ennemi et qui les avait fait décimer, était l’objet de l’exécration des plébéiens. Il le savait, mais tandis que l’aristocratie faisait les plus grands efforts pour le sauver, seul il ne tenait nul compte des tribuns et de la plebs. Il dédaigna de faire aucune démarche auprès de ses juges irrités, et quand il comparut devant eux n’adoucit en rien l’âpreté ordinaire de son langage. Stupéfaits de tant d’audace, ils lui accordèrent un délai qu’il demanda. C’était sans doute pour mettre ordre à ses affaires, car avant que le jour du jugement fût venu il se donna la mort[1]. Les tribuns voulurent empêcher qu’il fût loué publiquement par quelqu’un des siens, suivant l’usage. Mais, ennemis plus généreux, les plébéiens le permirent.

Une guerre contre les Volsques auxquels Cincinnatus prit la ville importante d’Antium, et les Sabins qui vinrent deux fois jusqu’à la porte Colline, suspendirent les discussions du Forum prêtes à renaître au sujet de la loi agraire. L’ennemi repoussé, elles recommencèrent plus vives que jamais.

Cette fois ce ne fut pas aux patriciens en général, mais aux consuls que les tribuns déclarèrent la guerre.

  1. Tite Live (II, 61) dit qu’il mourut de maladie. C’était probablement ce que rapportaient les mémoires de la famille consultés par Tite Live, car Denys d’Halicarnasse (IX, 54) nous apprend que les parents d’Appius faisaient courir ce bruit. Denys énonce le fait du suicide comme certain. Une pareille fin va bien à la vie d’Appius.