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Genucius met la main sur les deux consuls au moment où ils déposaient leur magistrature et sortaient de la curie. Ceux-ci se tournent alors, en suppliant, tour à tour vers le Forum et vers le Comitium[1], et déclarent que c’en est fait du consulat opprimé dans leurs personnes et enchaîné par les tribuns.

Les patriciens transportés de fureur tiennent conseil non dans la curie, non dans le Comitium, mais dans le secret de leurs maisons. Le jour où Genucius devait voir se présenter devant la tribune les consuls accusés, il ne paraît pas, et bientôt les tribuns viennent annoncer qu’on l’a trouvé mort dans sa demeure. Aussitôt la foule épouvantée fuit le Forum et se disperse. Les tribuns craignent pour leur vie et les patriciens se vantent tout haut d’un crime qu’on leur attribuait et qu’ils n’avaient peut-être pas commis[2].

Au milieu de l’effroi général, un plébéien, Publilius Volero, osa résister, il refusa le service militaire en plein Forum. Les consuls envoyèrent un licteur l’arrêter. « J’en appelle aux tribuns » s’écria-t-il ; les tribuns n’osaient paraître : « qu’il soit dépouillé et battu de verges, dirent les consuls assis dans la tribune. — Eh

  1. Ibid. Circumeunt sordidati non plebem magis quam juniores patrum.
  2. Tite Live, qui appelle cela une victoire de mauvais exemple (II, 55), semble admettre la vraisemblance de l’accusation. Denys d’Halicarnasse (IX, 38), qui prend toujours parti pour les patriciens, ne fait aucune allusion au crime et parle seulement d’un événement inattendu.