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Cet établissement des Fabius près de la Cremera était-il un établissement définitif dans lequel, dégoûtés de Rome, où leur position politique était devenue difficile, ils voulaient fonder une sorte de colonie militaire, une cité sabine et aristocratique, comme les plébéiens avaient voulu fonder sur le mont Sacré une ville latine et plébéienne ?

J’incline à le croire avec Niebuhr. Pour cela, il faudrait qu’ils eussent emmené leurs femmes et leurs enfants. Les auteurs se taisent sur ce point. Cependant, comme on disait qu’un enfant laissé à Rome échappa seul à la destruction de sa race, on peut supposer que les Fabius avaient pris aussi avec eux les autres enfants, et, s’il en était ainsi, probablement leurs femmes[1].

Quoi qu’il en soit, les Fabius, établis dans leur fort de la Cremera, firent aux Véiens une guerre acharnée qui dura trois ans.

Pendant ce temps, une armée romaine, conduite par un consul qui n’était pas de la famille des Fabius, — pour la première fois depuis sept ans ni l’un ni l’autre des deux consuls n’appartenait à cette famille, — vint attaquer les Étrusques et les battit aux Ro-

  1. La supposition que les Fabius avaient emmené leurs enfants à la Cremera permettrait d’admettre qu’un seul enfant laissé à Rome aurait conservé leur race ; seulement, si c’était un enfant, il est difficile de concevoir comment, dix ans après, il était consul. Le Fabius resté à Rome devait être un homme fait ; peut-être l’avait-on laissé sur le uirinal pour célébrer le culte domestique de la gens Fabia.