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Rome, et celui du champ des Fleurs (campo di Fiori), sur lequel monta au quinzième siècle le philosophe Giordano Bruno, aurait un précédent bien ancien dans ce bûcher politique, qui, au troisième siècle de Rome, aurait brûlé neuf tribuns.

Bientôt les débats sur la loi agraire furent repris avec fureur, le sénat refusant toujours, les tribuns réclamant toujours et défendant aux plébéiens de s’enrôler jusqu’à ce que les patriciens eussent tenu parole ; les plébéiens allèrent même jusqu’à abandonner leur général, à rentrer sous la tente et forcer un consul de les ramener dans Rome, fuyant ainsi devant leurs ennemis du dehors pour que leurs ennemis du dedans ne profitassent pas de leur triomphe.

C’est l’éternel honneur du peuple romain que, dans ces extrémités formidables, personne, patriciens ou plébéiens, n’ait eu l’idée de renoncer à une liberté si turbulente, si périlleuse, qui remplissait leurs ennemis d’espérance[1], pour chercher le repos et le salut dans le despotisme.

Certes les arguments qui ont décidé plus tard les Romains à le faire dans des circonstances moins difficiles, les arguments n’auraient pas manqué. Le danger du prolétariat était grand ; mais, je le répète, l’idée de chercher un maître ne vint à personne. Les consuls paraissaient au Forum et sommaient les citoyens de s’inscrire dans la milice ; nul ne s’inscri-

  1. Tit. Liv., II. 44.