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à ce même temple de Cérès que Spurius Cassius avait consacré, et, par une féroce ironie, mit au bas de la statue faite avec cet argent, et qu’il dédiait à la déesse :

« Don de la famille Cassia. »

L’ironie était d’autant plus amère, que l’on vendait auprès du temple de Cérès ceux qui avaient offensé un tribun.

Ce temple, mis particulièrement sous la surveillance des édiles et où ils avaient leurs archives, était le temple de la démocratie romaine. Le farouche patricien le choisit pour lui faire adresser par son fils mort au service de la démocratie un dérisoire hommage.

Un fait obscur, mais terrible, achèverait, s’il était certain, de répandre sur ces premières luttes politiques du Forum une tragique horreur. Un tribun nommé Mutius, indigné que ses neuf collègues eussent trempé dans les menées de Spurius Cassius, les aurait fait brûler vivants dans le cirque[1].

Ce serait un épisode bien lugubre de l’histoire de ce grand monument, laquelle, du reste, est liée à l’histoire romaine tout entière.

Les bûchers se seraient allumés de bonne heure à

  1. Val. Max., VI, 3, 2 ; Fest., p. 174. Voy. Niebuhr, Hist. R., III, p. 171 et suiv., et Ott. Müller, Fest., p. 389. Ce fait très-extraordinaire a été nié, et Müller a expliqué la tradition qui le rapportait, par une confusion avec neuf tribuns militaires tombés en combattant les Volsques et brulés dans le cirque après leur mort.