Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais, en même temps que le roi sabin ménageait la population du Palatin, du Cælius et de l’Aventin, il la craignait et il voulait se faire craindre d’elle.

Les gouvernements qui doivent périr vont de l’intimidation à la faiblesse, et ainsi me paraît avoir péri le gouvernement des Sabins à Rome.

Il ne faut pas oublier qu’après Ancus une révolution a fait passer la royauté des Sabins aux Étrusques. Or, les deux faits dont je cherche à expliquer le contraste, l’établissement de la prison Mamertine par Ancus Martius et ses efforts excessifs et maladroits pour obtenir la popularité dont parle Virgile, ces deux témoignages de nature différente, et qui paraissent se contredire, contiennent, ce me semble, le secret de cette révolution.

Ancus avait voulu effrayer, il avait creusé un affreux cachot, un lieu de supplice au pied du Capitole habité, comme le Quirinal et l’Esquilin, par l’aristocratie sabine, au-dessus du marché fréquenté par les Latins, pour épouvanter et les chefs de clans sabins et surtout les pâtres, les paysans et les marchands latins, toute cette plebs naissante dont il avait lui-même augmenté le nombre et qu’il commençait à redouter depuis qu’elle couvrait trois collines, élément étranger admis dans la cité sans en partager les droits, par conséquent destiné à être mécontent et hostile. Je vois dans la prison Mamertine un signe de la violence dont s’arma la royauté sabine, menacée sans doute, au moment où elle allait disparaître. Puis Ancus, comme