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la patrie ; le père de Spurius Cassius à l’avarice menacée de l’ordre patricien.

Ces deux noms de Brutus et Cassius, que devait rapprocher un jour une autre exécution sanglante, l’étaient donc par une conduite semblable en apparence, mais dont les motifs furent bien différents. N’importe, ce sont deux terribles exemples de ce pouvoir paternel, base de la famille romaine, et dont l’origine ne pouvait l’être. Ce n’est pas sur le Palatin, dans une agrégation de réfugiés dont la plupart n’avaient pas de famille, que naquit la puissance exorbitante du père de famille ; elle dut venir des Sabins, chez lesquels on trouve l’organisation du clan et de la tribu, et quelque chose de la société patriarcale, où le père de famille est roi[1].

Aussi Brutus était-il Sabin d’origine, et les Cassii l’étaient vraisemblablement[2].

  1. Aujourd’hui même, dans le peuple, l’autorité du père de famille a un caractère de tyrannie. Ainsi ce que gagnent les pauvres et belles filles de la campagne romaine en posant comme modèles dans les ateliers n’est point pour elles, mais pour leur père ou pour leur frère, qui, à défaut du père, est le chef de la famille.
  2. L’origine sabine des Cassii ne m’est pas démontrée ; mais je la crois probable, d’abord par cela seulement qu’ils étaient patriciens. De plus, spurius, prénom de Cassius, était celui du père de Lucrèce, Sabin ; ce prénom, se trouvant souvent en Étrurie, doit être Ombrien. Un Cassius, venu il est vrai plus tard, porta un sobriquet qui semble être sabin Ravilla (qui a des yeux gris), dont la désinence est semblable à celle de Sylla, nom d’une famille cornélienne, et pour moi les Cornelii, habitants du Qui-