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distribuée aux citoyens, une partie des terres publiques dont les patriciens avaient seulement la possession, et dont ils voulaient faire leur propriété.

C’était la première loi agraire fondée, aussi bien que toutes celles qui suivirent, non, comme on l’a cru quelquefois, sur un principe de spoliation, mais sur le droit de l’État à disposer des terres conquises, droit que l’usurpation des patriciens violait manifestement.

Les patriciens craignirent pour leur usurpation et se hâtèrent de déclarer que Cassius aspirait à se faire roi. Il semble que les plébéiens auraient dû le soutenir mais il demandait aussi qu’on accordât des terres aux alliés latins.

Un esprit étroit de jalousie prévalut chez la plebs inintelligente et la détacha de Cassius. Voulant la gagner à tout prix, il demanda qu’on rendît à ceux auxquels le sénat avait vendu les blés venus du dehors ce qu’ils avaient payé.

Les tribuns se tournèrent contre lui, ne voulant pas qu’un patricien leur ravît le privilège de la popularité. Les plébéiens, dupes de la peur qu’on leur faisait de ce nom de roi, crurent que Cassius voulait leur acheter à ce prix leur liberté, et rejetèrent cette proposition, dont les patriciens devaient le punir.

Le Forum fut cette fois témoin d’une triste scène. Spurius Cassius, ses collègues, qui étaient ses ennemis, le consul Virginius, avaient tour à tour occupé la