Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/396

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus, brillant à la guerre, fougueux, emporté, agressif. Le premier Appius Claudius fut le type de l’aristocratie qui résiste, Coriolan de l’aristocratie qui brave et défie ceux qu’elle mécontente.

Aussi fut-il entraîné par son fougueux orgueil à porter les armes contre son pays, et il mourut dans l’exil.

On rapportait de lui plusieurs traits de générosité. Il y avait du chevalier dans le dur aristocrate ; jeune, il porta les armes contre les Tarquins, et plus tard prit aux Volsques la ville de Coriole[1].

Ce brillant fait d’armes valut à Martius le surnom de Coriolan, sous lequel il est connu de la postérité.

Rome était livrée alors à des agitations violentes ; d’orageux débats partageaient le sénat, où l’on élevait

  1. Niebuhr pense que Coriolan s’appelait ainsi parce qu’il était né à Coriole, et nie que le surnom de Coriolanus ait pu être donné à Martius à cause de la prise de cette ville, qui, dit-il, était latine, par conséquent alliée de Rome à cette époque, et n’a pu, pour cette raison, être traitée en ville ennemie ; mais elle pouvait avoir été occupée par les Volsques, car elle n’était pas loin d’Antium. Qu’elle figure dans le catalogue des trente villes latines donné par Pline (III, 9, 16), ne prouve rien, car, bien que ces villes aient fait partie de la confédération latine, on ne saurait affirmer que toutes aient été en paix avec les Romains au temps de Coriolan. Enfin Niebuhr dit que selon le témoignage de Tite Live, Scipion l’Africain reçut le premier un surnom tiré du nom du pays qu’il avait vaincu ; mais on peut répondre que l’assertion de Tite Live se rapporte aux surnoms empruntes à un pays conquis comme l’Afrique, l’Asie, la Numidie, la Crète, et non à la prise d’une ville.