Page:Ampère - L’histoire romaine à Rome, tome 2.djvu/394

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les jeunes patriciens, saisis d’un beau zèle, démandèrent qu’une place leur fût donnée dans l’édilité. De là naquit la charge des édiles curules[1], qui, au bout d’un an, fut accordée indistinctement aux patriciens et aux plébéiens.

C’est que dans l’origine l’édilité était une grande chose. Comme les tribuns avaient pour mission de soutenir les droits politiques des plébéiens, les édiles étaient surtout chargés de protéger leurs intérêts matériels et d’assurer leur subsistance.

Les tribuns veillaient à ce que la plèbe ne fût pas opprimée, les édiles à ce qu’elle ne mourût pas de faim.

C’est pour cela que leur office était attaché au temple de Cérès, et que ce temple avait pu leur donner leur nom.

L’empire, qui méprisait le peuple en le nourrissant, lui donna du pain et les jeux du cirque. Les édiles les lui avaient aussi donnés ; mais le jour où furent créés les tribuns et les édiles, les plébéiens avaient obtenu sur le mont Sacré ces deux choses que doivent aux peu-

  1. On a fait dériver ce nom de currus, char, comme si les édites eussent eu le privitége exclusif d’aller en char, ce qui n’est point possible ; d’ailleurs, s’il en était ainsi, ils se seraient appelés currules. L’épithète curulis, qu’on donnait aussi à un siège d’honneur, est une autre forme de curis, curitia et curitis, noms de la Junon honorée dans les curies, qui s’appelait aussi Juno curulis. (Voy. t. I, p. 480.). Cette épithète, qui originairement voulait dire sabine, devint l’équivalent de patricienne ; elle fut donnée à l’edilité nouvelle, conférée aux patriciens, et qu’ils espéraient bien conserver pour eux.