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est une chambre voûtée ; c’est un lieu désolé, ténébreux, infect, terrible. »

Un rhéteur du second siècle[1] s’exprime ainsi dans une déclamation d’où le mauvais goût n’exclut pas l’énergie.

« Je vois la prison publique, construite avec des pierres énormes, le jour y pénètre par d’étroites ouvertures qui ne reçoivent qu’une ombre de lumière. »

Un autre rhéteur, Philostrate[2], l’appelle le tribunal secret, parce que les grands crimes y sont punis et enfouis dans le silence. Voilà ce qu’avait fait le bon Ancus. Car cette épithète était attachée à son nom par la tradition ; Ennius la lui donnait dans ses Annales, et Lucrèce répétait l’assertion d’Ennius[3]. Oui, Ancus avait laissé un renom de popularité ; Virgile ne fait aucune allusion à ses guerres et à ses conquêtes, mais il parle de la popularité dont il s’est enivré[4]. Transportant à l’époque des rois les vœux des plébéiens sous la république et les coutumes de l’empire, comme on avait attribué à Tullus Hostilius une distribution de terres, on prêtait à Ancus Martius un congarium. Il avait donné à la plebs six mille boisseaux de sel[5]. Je reconnais là un

  1. Calpurnius Flaccus, Déclamation pour le parricide.
  2. Vit. Apoll., VII, 17, p. 138, éd. Kayser, ἀπόῤῥητον δικαστήριον, ἐν ᾧ τὰ μεγάλα καὶ ἐλέγχεται καὶ σιωπᾶται.
  3. Cette tradition s’est transmise jusqu’au douzième siécle. Zonaras (VII, 7) l’appelle encore ἐπιεικής.
  4. Virg., Æn., VI, 816-7.
  5. Pl., Hist. nat., XXXI, 41, 5.