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les Sabins avec une ardeur qui partout décide la victoire.

Mais le péril éloigné, les sénateurs ne veulent plus tenir leur promesse. Appius prononce les peines les plus sévères contre les débiteurs insolvables. Ils sont livrés de nouveau et de nouveau enchaînés. Servilius, tiraillé entre son rôle d’ami des plébéiens et les reproches des patriciens qui presque tous soutenaient Appius, hésite, tergiverse, et, comme il arrive en pareil cas, perd son crédit auprès des plébéiens, tout en mécontentant les patriciens.

On vit bien que l’irritation populaire se portait sur l’un et l’autre consul, à l’occasion de la dédicace du temple de Mercure[1], dont l’existence à cette époque montre que le commerce avait acquis dès lors à Rome un certain développement.

Il n’y a presque pas un fait important dans l’histoire de Rome qui ne se traduise pour ainsi dire dans l’histoire d’un monument.

  1. Le culte de Mercure devait être plus ancien à Rome. On parle souvent de la dédicace d’un temple qui en remplace un autre élevé au même endroit et au même dieu. Il n’y a jamais eu que deux temples de Mercure l’un, dont on a trouvé des traces (Nardini, R. ant., VII, 3, p. 245), était au pied de l’Aventin, ce mont démocratique et que sa situation dut rendre de bonne heure marchand ; l’autre près de la porte Capène (Ov., Fast, V, 669) ; mais il est impossible de déterminer duquel de ces deux temples il est ici question. Mercure avait aussi une statue, sous le nom peu honorable de Malevolus, dans le Vicus Sobrius ; on y offrait du lait et jamais de vin, ce qui semble indiquer un ancien culte latin remontant à l’époque de la vie pastorale.