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cette origine, demeurèrent toujours patriciens[1], eurent dans le principe deux demeures à Rome l’une sur le Quirinal, l’autre sur le Palatin.

Celle du Quirinal devait être voisine du temple de Quirinus[2], dieu de la guerre, comme on voit des saliens logés, au temps de Claude, près d’un temple de Mars, autre dieu sabin de la guerre, le temple de Mars Vengeur.

On le sait par une anecdote qui peint bien la gloutonnerie de cet empereur. Un jour qu’il rendait la justice dans le temple de Mars Vengeur, l’odeur d’un repas des prêtres saliens l’allécha tellement que, descendant de son tribunal, il alla partager ce repas, lequel devait être bon, car les banquets des saliens (cœnæ saliares)[3] avaient dans la Rome ancienne la même réputation qu’ont eue quelquefois ceux des moines. Nous eussions fait un festin digne des saliens, dit Cicéron[4] ; comme Rabelais aurait dit : Nous eussions banqueté à la mode monacale.

La demeure des saliens sur le Palatin devait être une sorte de couvent composé de plusieurs cellules[5] ; elle

  1. Luc., Phars., IX, 477 ; Juven., Sat., 604 ; Den. d’Hal., II, 70. Les saliens étaient un des trois grands corps sacerdotaux. (Polyb., XXI, tO.)
  2. Le rapport des saliens à Quirinus est attesté par Servius. (Æn., VIII, 663.)
  3. Ilor., Carm., I, 37, 2.
  4. Epulati essemus saliarem in modum. (Cic., Ad Att., V, 9.)
  5. C’est ce qu’indiquent les mots mansiones saliorum palatinorum dans une inscription.