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agenouillée me semblait prier pour les âmes de tous ceux qui sont morts ici de mort violente, et, par le spectacle de son recueillement, adoucir un peu l’horreur que fait éprouver ce lieu, l’un des plus tragiques de Rome.

Cette prison fut pendant les premiers siècles la seule. C’était la prison, il n’y en avait pas d’autre dans toute la ville ; regrettant ces temps de la liberté que le despotisme de Domitien lui faisait paraître encore plus beaux, Juvénal s’écrie « Heureuse Rome quand elle avait assez d’une prison[1] ! » On ne doit pas partager trop vivement ce regret : il n’y a jamais dans une ville qu’un endroit destiné aux exécutions, et c’est là ce qu’était surtout la prison Mamertine, mais la maison de chaque patricien était une geôle pour les débiteurs insolvables.

Depuis la seconde guerre punique, on voit paraître un autre lieu de détention qu’on appelait Lautumies[2],

  1. Juv., Sat. III, 311.
  2. Le savant Bunsen a le premier reconnu que les Lautumies étaient différentes de la prison Mamertine, et Becker (Handb. der Röm. Alt., I, 262 et suiv. ; R. top., p. 19 et suiv.) a achevé de mettre ce fait hors de doute. Celle-ci avait selon toute vraisemblance la même origine que les Lautumies (Varr., De L. lat., V, 151), et on avait profité pour la construire d’un trou fait dans les roches du Capitole pour en tirer le tuf, plus compact là que partout ailleurs. Une autre carrière avait donné naissance à une autre prison, qui portait spécialement le nom de Lautumies. Les Lautumies étaient assez proches du carcer Mamertinus, car c’est dans leur voisinage que Caton bâtit la première basilique, la basilica Porcia (Tit. Liv., XXXIX, 44), elle-même très-voisine de la curia