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La tribune dominait donc le Comitium et le Forum. Sa position supérieure faisait dire à Pline, dans un mouvement d’humeur contre les désordres populaires des derniers temps de la république[1] : « Les rostres, placés en avant de la tribune, étaient l’ornement du Forum, et comme une couronne sur le front du peuple romain. Mais quand ils eurent été foulés et souillés par des tribuns séditieux, les rostres, qui étaient sous leurs pieds, furent comme un joug pour les citoyens. »

Ce nom de rostres désignait les becs de fer dont la proue des vaisseaux étaient armés. Leur nom devint celui de la tribune après qu’on eut orné sa base de ceux des vaisseaux pris aux Volsques d’Antium.

Il ne faut pas s’étonner de l’importance donnée par là à une victoire, qui terminait la guerre contre les Latins, dont Antium, à demi latin, avait embrassé la cause. Une victoire sur un peuple maritime méritait, aux yeux des Romains, d’être consacrée par un monument d’une nature spéciale, et d’être associée aux grandeurs naissantes de la tribune. Il semble que les tribuns l’armèrent de ces becs, défense formidable des vaisseaux, pour exprimer qu’elle était inviolable et menaçante. Du reste, l’usage d’élever cette sorte de trophée naval existait en Grèce[2].

  1. Pl., Hist. nat., XVI, 4,3.
  2. Les Grecs appelaient cela άκροτηριάξειν. Dans le port de Rhodes,