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lége, furent envahies, modifiées dans le sens démocratique, et leurs comices finirent par s’amalgamer avec ceux des tribus. La majesté du Comitium s’éclipsa, l’armée du champ de Mars fut vaincue ou absorbée. La plebs du Forum resta seule debout, frémissante, indomptée, et, ce semblait, indomptable. Hélas ! elle ne devait pas l’être. Quand on traverse aujourd’hui le Campo Vaccino, on traverse en quelques pas toute l’histoire de la liberté romaine. On va du Comitium où fut proclamée l’abolition de la tyrannie[1], à l’autre extrémité du Forum, où était le temple de César, qui la releva, et c’est par le Forum plébéien qu’on a passé.

La destinée politique du Forum suivit la destinée de la tribune. La tribune, c’était la parole de Rome, c’était l’expression et la garantie de sa liberté. La parole publique est l’âme d’un peuple libre. Quand elle se tait, ment ou flatte, quand seulement elle est timide, gênée, trop prudente, croyez que chez ce peuple les battements du cœur se ralentissent, que la frigidité des agonisants le gagne, et que s’il n’est sauvé par quelque remède héroïque, la mort n’est pas loin.

Je ferai l’histoire de la tribune nous la verrons

  1. Selon Tite Live (I, 59), c’est à la multitude, c’est-à-dire aux plébéiens, que Brutus proposa d’abord le bannissement de Tarquin ; ils accueillirent cette résolution avec transport ; mais Tite Live (II, 2) dit aussi qu’une loi portée par les curies prononça l’abolition de la royauté.